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11 - Les soins psychiatriques accessibles aux détenus
Il n'est pas rare que la maladie du détenu n apparaisse clairement aux yeux des autorités que pendant la détention : elles constatent que la personne malade psychique communique peu ou tient des propos incohérents ou provocants pour les surveillants ou les autres détenus, suscitant parfois des brimades de leur part. Si la prison n'est pas un cadre satisfaisant pour bénéficier de soins psychiatriques, du fait notamment de la promiscuité et des obstacles aux déplacements, ceux qui y sont dispensés le sont par des équipes professionnelles. De la même manière qu en milieu ouvert,
les professionnels soignants sont soumis au respect du secret médical en prison. Tout le personnel médical travaillant en prison relève du ministère de la santé et non de celui du ministère de la justice, et n'est donc pas soumis à une relation hiérarchique avec le directeur de la prison. La famille peut communiquer au service médical tout élément qui lui paraît nécessaire pour le suivi du patient, en particulier si elle le juge en danger, et toujours en recherchant l alliance avec le proche. Le médecin restera libre de ses choix concernant les prescriptions. Le psychiatre traitant du patient peut prendre contact avec son confrère au sein de l unité sanitaire ou du service psychiatrique pour communiquer ou se faire communiquer tout élément utile à la continuité des soins.
L UNAFAM tire de son expérience : des soins difficiles d accès
En prison, le détenu est libre d'accepter ou de refuser les soins. Les familles peuvent utilement suggérer à leur proche malade de demander à bénéficier de soins psychiatriques pendant son incarcération, soulignant le fait que le secret médical sera garanti. Elles peuvent aussi fournir aux soignants des éléments d information susceptibles de les aider à poser un diagnostic et à assurer la continuité des soins, en particulier si elles le jugent en danger, et toujours en recherchant l'alliance avec leur proche.
Malheureusement, le délai entre la demande et la première prise en charge est en moyenne de plusieurs mois du fait du manque de personnel médical et de la rareté des services psychiatriques. Peu de personnes placées en détention provisoire en maison d arrêt, où la durée moyenne de séjour est de 6 mois, peuvent ainsi être soignées31.
Certains soins sont assurés hors des murs de l établissement pénitentiaire, permettant aussi aux familles de se rapprocher des soignants.
31 Avis du 14/10/2019 du Contrôleur Général des Lieux de Privation des Libertés (CGLPL)