Journée nationale des aidants : le baromètre Unafam révèle une dégradation du quotidien
6 octobre 2022
Brèves
A l'occasion de la Journée nationale des aidants, l’Unafam dévoilait la 3e édition de son baromètre des proches aidants consacré à la santé mentale et aux troubles psychiques. Une psychiatrie en proie à de grandes difficultés, un secteur médico-social sous-dimensionné, une stigmatisation toujours aussi forte : dans ce contexte, la solitude et le désarroi des familles ne cessent de grandir. Leurs voix doivent être entendues ! La prise en charge des personnes vivant avec des troubles psychiques n’est plus assurée dans de nombreuses régions de France. Il est nécessaire que les pouvoirs publics agissent avec l’urgence qui s’impose. Ce sont plus de 4 000 répondants qui prennent la parole et interpellent les responsables politiques. Ils dénoncent les défaillances d’un système qui repose encore trop souvent sur les proches aidants et les empêche d’envisager l’avenir avec confiance.
Une stigmatisation encore trop présente au quotidien. Les troubles psychiques, pourtant très répandus, demeurent méconnus du grand public. Quand ils sont évoqués dans les médias, pour 60 % des répondants, c’est de façon stigmatisante. Ces représentations négatives affectent la vie quotidienne de millions de Français pour qui il n’est pas facile d’aborder le sujet (44 %). Ce silence les enferme et les empêche de demander de l’aide, notamment au moment où ils en auraient le plus besoin !
L’errance face aux premiers symptômes. La période qui couvre les premiers symptômes est cruciale pour mettre en place les soins et l’accompagnement appropriés et ainsi éviter les situations de crise. Malheureusement, pour 49 % des répondants, 2 ans ou plus auront été nécessaires pour poser un diagnostic. Une longue période d’errance où les personnes concernées et leurs proches se sentent abandonnés, où les soins ne sont mis en place que lorsque survient une crise et que la situation dérape… entraînant des hospitalisations en soins sans consentement qui retardent le chemin vers le rétablissement. L’Unafam dénonce la dégradation constante de la prise en charge des personnes vivant avec des troubles psychiques
Un accompagnement qui fait toujours défaut. Le manque de dispositifs adaptés disponibles fait peser une charge inadmissible sur les proches. 70 % des personnes interrogées déclarent apporter une aide fréquente à leur proche dans leur quotidien, y compris dans la gestion administrative. Faute de solutions de soutien, seuls 7 % sont confiants sur l’accueil et l’accompagnement dont pourra bénéficier leur proche lorsqu’ils ne seront plus là. Ces responsabilités ont de nombreuses répercussions sur la vie des aidants, dont 72 % déclarent que la maladie de leur proche a un impact sur leur propre santé. Il est temps de sortir de la discrimination et de prendre en compte le handicap psychique de manière effective !
La parole aux frères et sœurs. Cette année, l’Unafam a décidé de donner la parole aux frères et sœurs de personnes vivant avec des troubles psychiques. La maladie a des répercussions sur les fratries dès le plus jeune âge. Les frères et soeurs sont parmi les premiers à détecter les troubles : les deux tiers d’entre eux ont pris conscience de la maladie de leur proche avant leurs 24 ans (30 % entre 18 et 24 ans). Pourtant, seuls 35 % se sentent suffisamment informés sur les maladies psychiques alors qu’ils sont quasiment la moitié (46 %) à se considérer comme aidants. Il y a donc une véritable nécessité à les soutenir.
« La prise en charge des personnes vivant avec des troubles psychiques, notamment en termes de soins, ne cesse de se détériorer ! En 2021, 73 % des personnes interrogées déclaraient rencontrer des difficultés lors des prises en charge en cas d’urgence. Ce chiffre monte à 84 % dans l’édition de cette année ! Le soin des personnes vivant avec des troubles psychiques doit être assuré, tout comme leur accompagnement social et médico-social qui reste, encore aujourd’hui, bien trop sous-développé. Une politique ambitieuse doit être mise en place, d’urgence ! » - Marie-Jeanne Richard, Présidente de l’Unafam