Les principaux troubles
Les maladies psychiques touchent 20 % de la population française. Derrière les chiffres, il y a la réalité des personnes qui cumulent souffrance, retard au diagnostic, stigmatisation, troubles somatiques mal ou non pris en charge, handicap, difficultés à accéder à leurs droits. Toutes les familles sont concernées à un titre ou à un autre. Les maladies psychiques sont des maladies. Elles se soignent. Nous devons avoir comme ambition collective de donner aux personnes concernées la possibilité de se rétablir.
Les Schizophrénies
Aujourd’hui on parle des schizophrénies plutôt que de la schizophrénie car, selon le caractère et l’environnement des personnes, les symptômes de la maladie seront très différents. Ces maladies touchent 1 % de la population dans le monde. Ses symptômes aigus se manifestent le plus souvent à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
Elles font partie des maladies psychiques sévères et durables.
Une schizophrénie est un fonctionnement anormal de certains circuits neuronaux du cerveau. Ce n’est pas une maladie de l’âme, ni un manque de volonté, ni une double personnalité (maladie très rare à laquelle on continue faussement à associer la schizophrénie).
Les différents troubles et symptômes
Les troubles cognitifs
- Troubles de l’organisation de la pensée et de l’attention
- Problèmes de concentration
- Troubles de la mémoire
Les symptômes « négatifs »
- L’isolement : la personne se coupe peu à peu des autres
- La difficulté à communiquer : la personne ne trouve plus ses mots, donne des réponses évasives, cesse progressivement d’avoir des relations
- La perte du plaisir : la personne abandonne progressivement ses activités, elle ne voit plus personne
- L’apathie ou perte d’énergie : la personne néglige son hygiène et son apparence, elle n’a plus d’envie, délaisse ses centres d’intérêt, elle ne fait plus rien
- Elle n’a souvent pas conscience de la situation
Les symptômes « positifs » (car productifs)
- Perturbations des perceptions ou hallucinations
- Elles sont le plus souvent auditives : la personne entend des voix qui lui suggèrent des actions, ou l’insultent. Elle est souvent terrorisée par ces voix
- Les hallucinations peuvent aussi être visuelles, tactiles ou olfactives
- Délires ou erreurs de jugement logique
- Les idées délirantes sont présentes dans une grande majorité des cas : la personne imagine qu’un passant qui la regarde est là pour l’espionner, elle croit que son téléphone est sur écoute, elle pense que la télévision lui envoie des messages, ou que les autres lisent dans ses pensées, elle peut être convaincue d’avoir des pouvoirs surnaturels
- Langage incohérent et incompréhensible
- La personne répète des phrases sans suite, elle peut inventer des mots
- Comportements inhabituels : la personne ne supporte pas la pénombre, le bruit, ou simplement la vie des autres
Tous ces symptômes ne sont pas permanents ou présents en même temps. Ils varient selon le niveau de prise de conscience par la personne de leur présence, des thérapies (et de la continuité du traitement) et enfin selon la qualité de l’accompagnement familial et social qui sont proposés.
Une des caractéristiques de ces maladies est le déni de la maladie par la personne : elle affirme et pense profondément qu’elle n’est pas malade. Elle affirme souvent que c’est son entourage qui l’est. Elle ne demande rien. Ce déni rend le traitement difficile.
Les troubles bipolaires
Les troubles bipolaires comportent généralement deux phases : la phase maniaque et la phase dépressive.
Autrefois appelé psychose maniaco-dépressive, le trouble bipolaire fait partie des troubles de l’humeur auxquels appartient également la dépression récurrente (ou trouble unipolaire). La maladie comporte généralement deux phases : la phase maniaque et la phase dépressive. Entre les deux pôles, la personne qui souffre de troubles bipolaires retrouve un état normal dans la vie quotidienne.
La phase maniaque se définit comme un épisode d’excitation pathologique : la personne est hyperactive et euphorique, inhabituellement volubile et fait de multiples projets. Elle peut présenter divers symptômes comme la perte de toute inhibition ou l’engagement de dépenses inconsidérées.
La phase dépressive est en quelque sorte le miroir de la phase maniaque : la personne présente des signes de très grande tristesse, elle est ralentie et n’a goût à rien, parfois elle veut mourir. Le risque principal des troubles bipolaires est le suicide.
En France, on estime que le trouble bipolaire est sous-diagnostiqué, il toucherait 1% à 2.5% de la population. Le diagnostic est souvent long à établir et de nombreux grands dépressifs sont parfois en réalité des bipolaires qui s’ignorent. De plus, il existe de nombreuses formes du trouble, atténuées au niveau des symptômes, qui rendent le diagnostic difficile, les phases maniaques et les phases dépressives n’étant pas toujours caractérisées.
La dépression résistante
La dépression est une maladie mentale courante, 2,5 millions de Français sont touchés chaque année. Si la prise en charge des épisodes dépressifs est aujourd’hui bien codifiée avec une efficacité clairement démontrée des antidépresseurs et psychothérapies, on estime cependant que ces traitements ne sont pas efficaces dans 1/3 des cas.
Forme particulière de dépression, la dépression résistante se caractérise par la persistance de l’épisode dépressif malgré au moins 2 traitements antidépresseurs successifs bien conduits ou qui n’évolue pas suffisamment favorablement sous l’influence de ces traitements. Elle concernerait 20 à 30% des épisodes dépressifs majeurs.
Mieux la comprendre et mieux la soigner est donc un enjeu majeur. Il existe pour cela des centres experts dépression résistante (réseau Fondamental) qui offrent un réseau de consultations spécialisées dédiées au soin et à la recherche.
Ce type de dépression a des conséquences graves sur la qualité de vie du patient. Les symptômes sont invalidants avec un impact très négatif au niveau familial, professionnel, une nette dégradation des relations sociales. Sans prise en charge adaptée, cette forme de dépression augmente le risque d’idées suicidaires et de passages à l’acte.
Les symptômes
Au moins 5 des symptômes suivants, présents pendant une même période d’une durée de 2 semaines minimum et ayant représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur.
Parmi les 5, au moins 1 des symptômes est : une humeur dépressive ou une perte d’intérêt ou de plaisir.
Les symptômes doivent être présents pratiquement toute la journée, presque tous les jours :
- Humeur dépressive signalée par la personne (se sent triste ou vide par exemple) ou observée par les autres (pleurs par exemple)
- Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités
- Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime ou diminution/augmentation de l’appétit
- Insomnie ou hypersomnie
- Agitation ou ralentissement psychomoteur
- Fatigue ou perte d’énergie
- Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée
- Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision
- Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes
Les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC)
Le Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC) est un trouble de l’anxiété. Le TOC se caractérise par des obsessions et des compulsions. Les obsessions sont des pensées ou des images qui surgissent à répétition et qui sont difficiles à chasser de l’esprit. Ces obsessions sont dérangeantes, parfois effroyables ou désagréables. Elles peuvent générer beaucoup de détresse, de peur, de malaise ou de dégoût.
Pour essayer de réprimer ou de se débarrasser des obsessions, la personne atteinte se sent obligée d’accomplir des gestes répétitifs, des rituels, appelés compulsions. Les compulsions sont une tentative de contrôler les obsessions par la pratique de vérifications ou rituels.
Les obsessions et compulsions provoquent de la détresse et une perte de temps considérable. Elles peuvent interférer de façon significative avec les activités habituelles de la personne, son fonctionnement professionnel (ou scolaire) ou ses activités et relations sociales habituelles.
Les rituels compulsifs peuvent occuper plusieurs heures par jour. Malheureusement, les compulsions n’apportent qu’un soulagement temporaire et le cycle obsession / compulsion reprend.
Certaines personnes sont aux prises avec tellement de compulsions qu’elles ne peuvent pas quitter leur domicile, pour une quelconque activité professionnelle ou de loisir. Elles cachent parfois leurs symptômes et cela les amène à s’isoler.
Obsessions / Compulsions souvent observées
- Peur de la contamination (par la saleté, les microbes…) / Se laver, prendre plusieurs douches longues, nettoyer sans fin
- Peur de faire du mal aux autres à cause d’un manque d’attention / Rituels de répétition, vérifier que rien de terrible n’est arrivé
- Préoccupation excessive avec l’organisation et la symétrie / Disposer les choses selon un agencement précis, ranger les choses ou les plier d’une certaine façon
- Crainte d’attraper une maladie grave / Prendre toutes mesures pour supprimer le contact avec des éléments contaminants
- Impulsions, images ou pensées perverses à propos de la sexualité / Besoin de toucher, compter mentalement
- Souci exagéré d’une partie de son corps (peur que son nez soit déformé, que sa peau soit imparfaite) / Vérifier dans le miroir
- Peur d’être responsable d’une catastrophe / Vérifier que les portes sont verrouillées, les appareils électriques débranchés
- Peur du sacrilège, du blasphème / Prières ritualisées, chiffres ou mots spéciaux utilisés pour neutraliser la pensée
- Peur de jeter un objet dont on pourrait avoir besoin / Ramasser et entreposer des objets ou des papiers inutiles
La personne qui souffre de TOC a conscience de l’absurdité de ses pensées et/ou de son comportement, mais, sans aide, elle ne parvient pas à s’arrêter. Ces idées et ces comportements sont incontrôlables.
Le Trouble de la personnalité Borderline
La personnalité Borderline est aussi connue sous le nom d’« état limite » ou « état frontière ». L’appréhension de cette maladie est complexe car il est difficile de savoir s’il s’agit d’une maladie psychique à part entière ou d’un trouble de la personnalité. Parfois elle n’est que la première manifestation d’un trouble psychotique.
La personnalité Borderline se caractérise par une grande instabilité des relations interpersonnelles, une instabilité émotionnelle, une mauvaise appréciation de l’image de soi, une impulsivité marquée.
L’impulsivité se manifeste sous toutes ses formes : sexualité, alimentation, addictions. La mauvaise organisation de la personnalité associée aux symptômes précédents entraîne agressivité, automutilation, tentatives de suicide.
L’alternance de périodes pathologiques et de stabilité est rapide et déconcertante pour son environnement. Le malade n’est pas en rupture avec la réalité comme dans d’autres troubles psychiques mais il est gravement inadapté à la réalité.
Les troubles commencent souvent à l’adolescence pour continuer à l’âge adulte. Au cours de certains épisodes, l’intensité des troubles associés à certains symptômes peut évoquer une pathologie psychotique ou un trouble bipolaire. Souvent confondu avec le trouble bipolaire (qui concerne l’humeur), le trouble borderline est un trouble des émotions, caractérisé par deux aspects : une plus grande sensibilité et une moins bonne régulation.
La quête affective démesurée du « Borderline » entraîne des conflits avec l’entourage qui ne sait jamais où il en est. L’état limite entre le normal et le pathologique est épuisant pour le malade et ses proches. C’est l’association des symptômes décrits qui fait évoquer le diagnostic, mais les symptômes sont parfois déroutants et changeants. Il faut du temps avant de pouvoir confirmer un diagnostic.
L’évolution de la pathologie dépend beaucoup de la participation du patient aux soins et de l’acceptation de ses troubles de la personnalité. Les thérapies sont essentiellement psychothérapiques ou de remédiation cognitive, le traitement est donc nécessairement long. Les neuroleptiques serviront uniquement d’appoint lors des crises aiguës ou lors de passages de forte anxiété, d’état dépressif ou d’addiction.
La personnalité Borderline s’intègre dans les troubles graves de la personnalité.
Mis à jour le 19 juillet 2024