Construire ensemble une société d’écoute et d’actions
4 avril 2023
Lettre de la Présidente
Beaucoup de nos concitoyens sont dans la rue. Au-delà des retraites, ils nous font part de leurs inquiétudes concernant leur avenir, celui de leurs enfants ou de leurs ascendants : accès à la santé, à des ressources permettant de vivre dignement, à une société respectueuse de l’environnement, avec une demande forte, celle d’être entendus.
Tous ces sujets rejoignent les spécificités de nos propres préoccupations et celles de nos proches. L’accès à la santé est une de vos préoccupations majeures. Vous nous remontez des situations graves : hospitalisation dans des conditions très dégradées, suicide dans des lieux de soins, absence de psychiatre dans les Centres médico psychologiques (CMP) avec renvoi des patients, sans concertation, vers des consultations en psychiatrie libérale, adolescents en souffrance qui ne trouvent pas d’offre de soins dans des délais raisonnables… La liste est longue. Certes, l’innovation sur les territoires est riche d’espoir. Mais à elle seule, elle ne permettra pas de faire face aux contraintes du système. Nous attendons une stratégie claire portée par le rétablissement, soucieuse des droits des patients, incluant le soutien aux aidants, conjuguant les soins et l’accompagnement dans un souci de soutien à l’autonomie, comme nous l’avons porté auprès du ministre de la Santé, François Braun.
Un véritable changement de paradigme s’impose alors que les budgets alloués à la psychiatrie resteront contraints. Le système doit évoluer, s’appuyer sur les connaissances acquises grâces aux neurosciences tout en gardant l’humanisme qui soutient le soin.
Les décideurs politiques doivent écouter les besoins et les attentes des personnes concernées et de leurs proches ainsi que celles des soignants. Pour les familles, il est de plus en plus inacceptable que leur proche ne bénéficie pas de soins de réhabilitation, n’ait pas accès à un Service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés (SAMSAH) même lorsque la personne a une notification, prenne le risque de perdre l’Allocation adulte handicapé (AAH) en travaillant parce que son taux d’incapacité reste inférieur à 80%. Il est inacceptable que les conséquences des troubles cognitifs sur la vie quotidienne dans un contexte de traitement par psychotropes ne soient toujours pas reconnues.
L’Unafam a toujours inscrit ses plaidoyers et ses actions dans la co-construction avec tous les acteurs qui le souhaitent. Mais aujourd’hui les familles sont en colère. Elles n’occupent pas les ronds-points, trop d’enjeux pour elles et pour leurs proches, trop de souffrance. Elles demandent des actions planifiées, budgétées, qui s’appliquent sur tous les territoires, prises dans le respect des droits des personnes vivant avec des troubles psychiques et de leur entourage. A quand la santé mentale et la psychiatrie une Grande Cause Nationale ?
■ Marie-Jeanne Richard, Présidente de l’Unafam