Paroles de réconfort
- Christophe André, médecin psychiatre à l’Hôpital Sainte Anne à Paris
«Même si la maladie n’exclut pas l’intelligence, la créativité et parfois le génie, en général, la schizophrénie, c’est d’abord de la souffrance... Bien que psychiatre, je n’ai jamais rencontré de fous, seulement des personnes touchées par diverses maladies psychiques. Et je n’ai jamais rencontré de personne atteinte de schizophrénie qui n’ait pas immensément souffert... Parmi les multiples leçons que j’ai retiré de mon expérience, la plus marquante, c’est que l’humanité persiste toujours sous la maladie, c’est que les besoins de la personne malade restent les besoins de tout être humain. Même lorsqu’on délire, même lorsqu’on sent son être partir dans tous les sens, même lorsqu’on se voit faire n’importe quoi, qu’on entend des voix, même dans ces moments, on reste infiniment sensible à toute forme de douceur, de gentillesse, d’écoute, de bienveillance, de confiance. Même dans les pires moments de ce qui ressemble, de l’extérieur, à la folie, on a besoin de tout cela. Ne jamais l’oublier : lorsque nos proches (ou nos patients, si on est soignant) nous déconcertent, nous épuisent, nous font peur, même lorsqu’il nous semble qu’ils sont devenus complètement fous, ils restent totalement et absolument sensibles à nos attitudes.»
Introduction de la traduction française du livre d’Arnild Lauveng « Demain, j’étais folle » aux Éditions Autrement
- Marie-Noëlle Besançon
On dit qu’ils sont fous et je vis avec eux ...
«La folie a toujours fait partie de l’humain, à des degrés et sous des formes diverses. L’expérience de la maladie psychique, du non-sens, du néant, est la plus douloureuse qui soit. Ceux qui l’ont vécu ont envie d’en sortir pour toujours, de retrouver du sens et un art de vivre, l’art d’être en vie, le goût d’eux-mêmes et des autres. Serions-nous capables de parcourir le même chemin, avec autant de désir, de courage, de persévérance et d’humilité ? Ouvrons les yeux, cessons d’être ignorants et injustes. Ce sera le premier pas vers la venue d’un nouvel « être ensemble » que tant de personnes appellent de leurs vœux aujourd’hui, tant elles sont désolées de la morosité, de la désespérance secrétée par les mauvais fonctionnements de notre société. Le repli sur soi est un signe de dépression ; ce n’est qu’en s’ouvrant à l’autre que l’on peut trouver le bonheur. Nous avons tous quelqu’un, en dehors de notre petit cercle personnel, familial, qui a besoin de nous, qui nous attend quelque part, prêt à nous faire changer de vie. [...]En écoutant ceux qu’on veut aider au lieu de se contenter de leur porter la bonne parole, en leur rendant leur dignité d’homme au lieu d’en faire des assistés, en cessant en somme de ne les considérer que comme des malades, des incapables, des irresponsables, on les voit commencer à sortir de la maladie. Par une sorte d’effet Pygmalion, plus on regarde les gens comme des malades, plus ils le sont. Plus nous stimulons leurs capacités en les remettant dans l’activité, en les poussant à se prendre en charge, en leur donnant confiance et respect, mieux ils vont.»
Extrait de son livre « On dit qu’ils sont fous et je vis avec eux »