Soigner, Accompagner, Respecter, Protéger.
25 février 2022
Lettre de la Présidente
Que se passe-t-il derrière des portes fermées sur des personnes vulnérables ? Que signifie respecter une personne souffrante ? Peut-on protéger et faire du profit ? Comment accompagner sans un nombre suffisant de professionnels formés ? La santé est un bien précieux, qui prend beaucoup de valeur quand on le perd, mais peut-on accepter que soigner puisse devenir une source de profit ? Ces questions ont traversé nos écrans ces dernières semaines. Dans le même temps, l’Unafam, avec ses partenaires associatifs, s’est mobilisée auprès de la Haute autorité de santé (HAS) pour que les dispositifs d’évaluation des établissements médicosociaux se fassent selon un référentiel qui s’appuie sur les recommandations de bonnes pratiques professionnelles. N’est-il pas temps de rendre ces recommandations de la HAS opposables ? On ne peut d’un côté dire ce qui est l’état de l’art, parler de recommandations, reconnaître qu’elles sont structurantes pour l’amélioration de la qualité, pour la formation des personnels, qu’elles contribuent à la bientraitance des personnes, et dans le même temps ne pas les rendre opposables. Bien sûr que la qualité a un coût, qu’il faut des moyens humains, tant pour mettre en œuvre l’accueil respectueux des personnes, que pour assurer leur soutien à l’autonomie ! Mais pourquoi faut-il des scandales pour que les manquements aux droits soient dénoncés ?
Il y a déjà 5 années que les bonnes pratiques pour les procédures de contention et d’isolement en psychiatrie ont été publiées, mais le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) met régulièrement en exergue des services, des établissements, où ces procédures ne sont pas appliquées. Des services où les patients sont maltraités… qui s’en offusque ? Des rapports menés par des organismes indépendants montrent qu’aujourd’hui encore, des locaux sont dans un état de vétusté indigne, que des pratiques soignantes nuisant à la qualité des soins et au respect des droits fondamentaux perdurent. Peut-on décemment fermer les yeux ? De telles pratiques nuisent au patient, détruisent la cohésion des équipes, font perdre l’espoir aux personnes soignées et à leurs aidants, accélèrent la fuite des praticiens qui aiment leur métier.
Ces actualités nous rappellent que les droits des personnes en situation de handicap, les droits des patients, les droits des citoyens, sont des boussoles qui doivent guider les décisions des politiques publiques. Nos associations ne peuvent fermer les yeux. A l’occasion des 20 ans de la loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite « loi Kouchner », merci aux représentants d’usagers qui ont fait et font vivre ces droits.
▪ Marie-Jeanne Richard, Présidente