Rentrer
26 août 2022
Lettre de la Présidente
Rentrer, retrouver ses amis, reprendre ses habitudes, aller vers de nouveaux projets, s’engager pour construire un avenir meilleur, mettre en œuvre une décision longtemps mûrie... Que sera cette rentrée ?
Beaucoup d’inquiétudes traversent notre société. Un tableau sombre et des temps difficiles décrits par nos gouvernements. Un manque de soignants, de travailleurs sociaux, d’enseignants… rendant la vie de nos concitoyens les plus vulnérables encore plus difficile. La psychiatrie a passé l’été, les soignants ont pallié aux fermetures de lits, voire d’unités entières, mais l’hémorragie se poursuit. Les chiffres s’accordent sur une aggravation des troubles anxieux et phobiques chez les jeunes lycéens alors que les pédopsychiatres sont rares et qu’on ne les forme pas en quelques mois. Quelles répercussions à plus ou moins long terme sur les soins prodigués aux personnes en souffrance psychique ? Les délais d’accès aux centres médico-psychologiques étaient déjà très longs, et plus particulièrement à l’échelle d’une vie d’enfant ! Quelle sera la stratégie déployée par nos nouveaux ministres de la santé, de l’autonomie, du handicap, pour réenchanter la discipline ?
L’Unafam continuera à mener un combat pour que les moyens mis en œuvre en psychiatrie et santé mentale répondent aux besoins des personnes et de leurs aidants. Nous demandons un véritable observatoire pour mesurer ces besoins et piloter les réponses à apporter. Combien de jeunes hébergés chez leurs parents sans offre de formation adaptée, sans activités ? Combien d’adultes oubliés des statistiques depuis qu’ils ne font plus de bruit ? Combien, à la rue, restent condamnés à errer ? Combien de personnes âgées dont aucun établissement ne veut ?
Nos combats rejoignent les préconisations du rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il y a urgence à opérer une transformation du système : renforcer les soins en santé mentale, c’est permettre que "tout le spectre des besoins dans ce domaine soit couvert par un réseau communautaire de services et d’accompagnements accessibles, abordables et de qualité". Avec l’OMS, nous appelons à une promotion des soins "centrés sur la personne et fondés sur les droits humains", des accompagnements adaptés pour une "insertion sociale des personnes présentant des problèmes de santé mentale". Les interventions sanitaires doivent être complétées par des services sociaux accessibles pour un accès au logement, à l’éducation, à l’emploi, à la protection sociale, etc., afin de permettre aux personnes vivant avec un trouble psychique d’atteindre leurs objectifs de rétablissement et de vivre une vie plus satisfaisante. Abandonner les "soins asilaires" dans les hôpitaux psychiatriques ne peut se concevoir sans "intensifier les investissements" pour répondre aux besoins.
Cette lettre fait la part belle aux arts, une manière de mettre de la lumière dans ces moments d’incertitudes.
■ Marie-Jeanne Richard, Présidente