Nous avons rendez-vous avec vous
28 juin 2022
Lettre de la Présidente
Juin est la période des rendez-vous. Il y a ceux qui donnent espoir, qui rendent plus forts. Il y a les rendez-vous manqués. Il y a ceux à venir et à ne pas manquer.
Ensemble, en juin, nous avons vécu quelques magnifiques rendez-vous. En distanciel lors de notre Colloque sur la pair-aidance, avec Psycyclette dans 18 villes de France, de Lille à Nice, en passant par Rambouillet et même Monaco, à Quimper au colloque de l’Unafam Bretagne, à Paris lors de la soirée Psychodon. Des rendez-vous de partage, de réflexion, mais aussi de légèreté. Des moments où, ensemble, nous portons le "Vous n’êtes pas seuls".
Il y a des rendez-vous d’espoir comme celui avec l’Association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues (AJPJA) lors de notre Assemblée générale du 24 Juin. Un rendez-vous à ne pas manquer à la hauteur de la qualité de votre écoute. Le Dr Lardinois nous a partagé les attentes de la jeune génération sur les évolutions souhaitées de la spécialité psychiatrie. Elle nous a fait part de leur vision pour une transformation profonde des pratiques : une réorganisation des soins psychiatriques basée sur les principes du rétablissement, des pratiques de soins moins coercitives, un développement des pratiques axées sur la prévention à tous les âges et à tous les niveaux. Elle nous a convaincus qu’il y a des leviers d’action pour attirer et fidéliser les jeunes internes, leur assurer une qualité de vie au travail, donner du sens aux soins et au prendre soin. Avec elle, nous portons la nécessité de promouvoir les partenariats et le travail en réseau.
Il y a les rendez-vous manqués. Nous attendons la feuille de route du gouvernement pour construire et financer la 5e branche Autonomie. Quand mettra-t-on à l’agenda parlementaire la déconjugalisation de l’Allocation adulte handicapé (AAH) ? Quelles mesures seront prises pour remédier à la baisse du pouvoir d’achat de nos proches qui vivent avec l'AAH ou, parfois, avec seulement le Revenu de solidarité active (RSA) faute de reconnaissance de leur situation de handicap ? A quand la mise en place d’une estimation des besoins des personnes en situation de handicap psychique ?
Il y a les rendez-vous sans lendemain. Nous sommes inquiets. Nombre de soignants en santé mentale et psychiatrie ont quitté le navire. Dans cet état d’urgence, nous attendons un nouveau ministre pour piloter le sujet de la santé cher à tous les français. Et nous formulons le vœu qu’il n’oublie pas la santé mentale et la psychiatrie. Il est urgent de redonner confiance aux personnes vivant avec des troubles psychiques, à leurs aidants et aux équipes soignantes. Quant au soutien à l’autonomie, au maintien et à l’accès au logement, à l’éducation des enfants, adolescents et jeunes adultes en situation de handicap… ces sujets ne sont plus portés. Aucun mot de notre ministre de l’autonomie sur la population qui vit avec des troubles psychiques. Serait-elle (re)devenue invisible ? Nous rappelons les chiffres : 1 personne sur 4 souffrira de troubles psychiques au cours de sa vie. Plus de 4,5 millions de personnes les accompagnent au quotidien. 1 jeune sur 3 souffre d’un trouble de santé mentale en France et 75% des troubles psychiques se déclarent avant 25 ans. Ces enfants, ces adolescents, ces adultes, ces personnes vieillissantes et tous leurs aidants attendent des messages et, mieux encore, des actes. Il est temps de mettre fin aux rendez-vous manqués.
■ Marie-Jeanne Richard, Présidente