La colère gronde
28 novembre 2022
Lettre de la Présidente
La situation que vous décrivez dans de nombreux territoires est inacceptable : difficultés d’accès aux soins, absence de psychiatres dans les CMP, tri des patients, en particulier pour les enfants et adolescents, non-accès aux soins de réhabilitation, isolement, privation de visites, absence de solutions en aval pour préparer les sorties d’hospitalisation ou proposition de solution à 100 km privant la personne de ceux qui lui sont chers… Je pourrais continuer.
L’Unafam dénonce cette situation sans complaisance.
Nous nous battons au plus haut niveau pour que les personnes aient accès à des soins et des accompagnements de qualité. Nous avons porté avec force et convictions nos plaidoyers lors des assises de la psychiatrie, lors des présidentielles, et continuons à les porter dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Très récemment, nous avons été reçus à Matignon et à l’Elysée. Nous y avons porté la dure réalité de ce que vivent les familles face à l’indigence des soins apportés à leurs proches.
Nos enfants, nos conjoints, nos parents, sont confrontés aux conséquences engendrées par le manque de praticiens et, depuis quelques mois, le manque d’infirmiers. La crise sanitaire a accéléré la mise en tension des services alors même que le nombre de personnes présentant des troubles psychiques augmente et que des enfants, des ados, des jeunes adultes entrent dans la maladie.
L’Unafam dénonce le fait que les familles se retrouvent à compenser la dégradation de l’offre de soins et plus globalement du service public, avec les pertes de chance qu’elle engendre pour nos proches.
Nous portons avec conviction et depuis de nombreuses années l’importance du rétablissement et du respect des droits des patients. Nous nous battons pour que les soins de réhabilitation psychosociale deviennent la norme et non plus l’exception. Et c’est parce que nous avons ces convictions que nous avons porté avec nos partenaires le colloque sur les mesures d’anticipations en psychiatrie (MAP). Outil de prévention permettant d’anticiper la crise. Outil de droits permettant à la personne de prendre le pouvoir sur sa maladie. Sa parole redevient légitime. Elle s’ancre dans son vécu, dans son expertise d’usager du système de santé. Outil de droits permettant la diminution des pratiques coercitives avec un effet établi sur la réduction des soins sans consentement. C’est aussi un outil permettant de renforcer les liens avec l’entourage par le choix d’une personne de confiance.
L’Unafam se bat avec détermination et pragmatisme pour faire évoluer les pratiques. J’en profite pour remercier les bénévoles qui ont passé de nombreuses heures pour faire avancer les projets territoriaux de santé mentale. Sans vous, sans l’engagement de l’Unafam depuis bientôt 60 ans je suis convaincue que la situation serait encore plus désastreuse !
Lueur d’espoir : sachez qu’avec nous, dans la dure réalité que nous traversons, des équipes innovent, inventent, accompagnent. Merci à ces pionniers !
Dans votre saine colère, rejoignez-nous, nous serons encore plus forts pour faire entendre nos voix.
■ Marie-Jeanne Richard, Présidente de l’Unafam