Demain, quels financements pour quels projets ?
30 septembre 2022
Lettre de la Présidente
Nous entrons dans la période du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Au-delà des mots, ce projet de loi permet d’identifier les actions qui vont être portées cette année, d’identifier les choix qui seront conduits pour répondre aux inégalités sociales, aux colères qu’elles engendrent, aux défauts d’accès aux soins et, plus largement, répondre aux écarts entre droits réels et droits formels. Avec le Collectif Handicaps, nous pouvons hélas écrire "Encore un rendez-vous raté !".
Le volet handicap est bien mince. La déconjugalisation de l’Allocation adulte handicapé (AAH) devra attendre octobre 2023 et elle ne répondra pas à la nécessité d’en revaloriser son montant. La revalorisation des métiers de l’humain exige de profonds changements. Ceux-ci ne sont pas au rendez-vous, au risque d’accroitre les fermetures, voire les maltraitances. Notre attention se tourne tout particulièrement vers les Groupes d'entraide mutuelle (GEM). Via la pétition du CNIGEM, ils lancent un appel au secours. Leur budget de fonctionnement n’est pas à la hauteur de leurs missions, les mettant véritablement en danger. Vous nous signalez que certains ont déjà fermé ! Aussi, n’hésitez pas à leur apporter votre soutien en signant.
Une fois encore, dans ce PLFSS, les personnes en situation de handicap psychique ne sont pas considérées comme un public prioritaire. Aucun budget fléché pour mettre en place la Prestation de compensation du handicap (PCH) aide humaine. Comment, dans ces conditions, pourra-t-on assurer aux nouveaux publics, identifiés par le décret d’avril 2022, un accès à cette prestation dès janvier 2023 ?
Et pour la santé, comment va-t-on restaurer la confiance ? Certes, des nouveaux moyens permettront de financer la poursuite des revalorisations des professionnels issues du Ségur. Certes, nous retrouvons le financement des mesures prises aux Assises de la santé mentale et de la psychiatrie. Mais cela reste notoirement insuffisant, même si nous pouvons nous réjouir de la mise en place des consultations de prévention, qui seront organisées à des âges clés de la vie adulte, dans une notion d’approche globale n’oubliant pas la santé mentale.
Face à ces interrogations, dans quelques jours seront dévoilés les chiffres de notre baromètre 2022. Nous espérons qu’ils seront une boussole pour mener (enfin) une politique de la santé mentale et de la psychiatrie ambitieuse. Nous les porterons avec détermination afin qu’il ne soit plus possible aux décideurs de dire "Je ne savais pas”. Soutenir les aidants passe par rendre réels les droits des personnes vivant avec des troubles psychiques et de ceux qui les accompagnent. Nous sommes fatigués de répéter que l’accès à des soins de qualité et le soutien à l’autonomie doivent se concevoir pour tous. C’est un combat que nous menons depuis bientôt 60 ans et que nous continuerons à mener.
■ Marie-Jeanne Richard, Présidente