Recherche: Fratries et schizophrénie
Bouches-du-Rhône
13 octobre 2020
Félicitations à Léa Plessis qui nous annonce la soutenance de sa thèse en psychologie "Frères et soeurs de personnes souffrant de schizophrénie" le 23 octobre à Aix.
Elle tient à remercier toutes les familles Unafam du département qui ont répondu aux appels à enquête relayés sur notre site tout au long de ses cinq années de travail.
Ci-dessous la trame de son travail; sa conclusion sur la nécessité de mieux accompagner les fratries dans la prise en charge d'un patient rejoint nos propres demandes.
Léa Plessis, Communication lors de la Journée Unafam SISM, Septèmes, Mars 2018
La majorité des recherches menées auprès de frères et sœurs portent sur la période de l’enfance. Pourtant, la relation fraternelle perdure tout au long de la vie. Chez les jeunes adultes et adultes, une relation fraternelle de qualité représente un réel facteur de protection pour la santé psychique. Mais lorsqu’un handicap se présente au sein de la fratrie, les bénéfices de la relation fraternelle peuvent être perturbés. Contrairement aux handicaps mentaux, les handicaps psychiques surviennent au cours de l’enfance ou au début de l’âge adulte. Les frères et sœurs ont connu leur proche sans les manifestations de la maladie et tentent alors de s’adapter à ce nouveau frère ou cette nouvelle sœur. Dans ce contexte, les recherches ont montré les différentes stratégies de coping mises en place par ces frères et sœurs pour faire face à cette situation stressante. Mais aucune, pour l’heure, n’a permis de caractériser la nature des relations fraternelles entretenues avec un frère ou une sœur souffrant de schizophrénie. Le premier objectif de cette recherche vise non seulement à spécifier la nature de ces relations fraternelles, mais également à en extraire les déterminants. Le second objectif met en exergue le vécu relationnel intrafamilial de ces frères et sœurs non-malades.
Les résultats du premier axe de recherche révèlent que les relations des frères et sœurs de personnes souffrant de schizophrénie présentent moins de proximité que celles de la population générale. Elles se caractérisent, en outre, par une rivalité et des conflits accrus. Cette relation fraternelle a, par ailleurs, un effet médiateur sur la détresse émotionnelle de ces frères et sœurs. Du reste, les conflits dans la relation fraternelle sont alimentés par la manière dont les frères et sœurs non-malades perçoivent la schizophrénie. Les résultats du second axe de recherche mettent en exergue l’impact du diagnostic de schizophrénie sur l’histoire passée et le présent de la famille. Nos résultats ont permis de montrer que lorsqu’ils font référence au passé les frères et sœurs cherchent les évènements susceptibles d’avoir précipité la maladie. Tandis que lorsqu’ils considèrent le présent, les frères et sœurs mettent en œuvre tous les efforts pour rétablir l’homéostasie familiale. Alors qu’ils ne se reconsidèrent pas comme des aidants, ils ressentent le devoir de prendre soin de leur frère ou sœur malade ainsi que de leur mère.
Conclusion : Les résultats de notre recherche mettent en évidence les difficultés émotionnelles que vivent les frères et sœurs adultes de personnes souffrant de schizophrénie. L’effet même d’une reconnaissance de leur existence et de leurs problématiques pourrait aider les frères et sœurs à se sentir légitimes face à leurs difficultés. Cette recherche a ainsi vocation à encourager les cliniciens à se saisir des présents résultats afin de permettre aux fratries d’être davantage entendues et mieux accompagnées.